13/09/2010

Un vol vers Ombrelune

Un vol vers Ombrelune


Le retour vers Garadar fut couronné de gloire. Après que Xyla lui ait rafistolé sa blouse, Lavinis se trouva aux anges et sa conscience s’alégea. Elle avait retrouvé son amie, elle avait gagné le combat et on l’accueillait en héroïne. L’Outreterre lui avait finalement apporté ce qu’elle cherchait. Xyla se tenait un peu en retrait et Malevih la serrait de très près. Du coin de l’œil, bercée par les acclamations de la foule, Lavinis observait d’un air complice Malevih, qui semblait vouloir annoncer quelque chose d’important à Xyla. Il tordait sans cesse le bout de son blouson entre ses grosses mains maladroites et jetait des regards furtifs dans toutes les directions. Visiblement, la foule le rendait encore plus nerveux et il ne trouvait pas les mots pour accrocher l’attention de Xyla.
Une vieille orque sortit de la hutte principale et descendit la petite pente pour rejoindre les vainqueurs de l’arène de sang. Son regard se posa immédiatement sur les deux taurens, ce qui vexa Lavinis.
-          C’est très bien, Malevih, continue ! dit la vieille orque avant de continuer son chemin.
-          Cette mégère ne m’a même pas félicitée, s’offusqua Lavinis en jetant un regard noir à la vieille qui s’éloignait.
A cet instant, un jeune orc vigoureux, vêtu de cuir, se détacha de la foule en délire pour s’approcher de Xyla.
-          Lok’tar, noble druidesse !
-          Rebonjour, monsieur l’orc, répondit Xyla. Je n’ai pas eu le temps de vous remercier de nous avoir descendus de ce bout de terre volant car j’étais très pressée…
L’orc leva la main pour interrompre les excuses de Xyla. Il lui adressa un grand sourire puis retourna discrètement se fondre dans la masse d’orcs, sous le regard désabusé de Lavinis.

On dressa un grand banquet en leur honneur, sur la place centrale du petit village. L’air chaud de la fin d’après-midi était rafraîchi par le ruisseau qui traversait le village, ainsi que par le lac qu’il bordait. L’ambiance chaleureuse autour du feu, les rires et les discussions animées soulevaient l’âme de Xyla et Lavinis, qui participaient spontanément aux rites des orcs. Seul Malevih, frustré de ne pas avoir pu parler à Xyla comme il aurait voulu, restait dans son coin et observait la fête battre de son plein. Il était d’autant plus agacé de voir Xyla discuter allègrement avec le jeune orc de la garde des airs. Ce dernier semblait, par ses gestes, lui parler de ses aventures menées dans le ciel et ses rencontres.
-          Et en plus, il mime très mal, c’est un mauvais acteur, ronchonna-t-il pour lui-même… N’empêche qu’elle l’écoute…
Malevih sentit soudain le poids d’un corps sur son dos. Un doux parfum l’envahit.
-          Eh bien, Malevih, tu n’es pas de la fête ? lui sussura une voix rauque mais féminine.
Malevih fut surpris que cette femme lui adresse la parole avec une telle familiarité. En se retournant, il fut d’autant plus stupéfait de reconnaître Lavinis, bien qu’elle eût un air un peu différent, par ses oreilles qui n’étaient pas aussi droites et raides qu’à leur habitude mais plutôt recourbées vers le bas. Et puis surtout, elle ne portait plus son pantalon.
-          Lavinis, tu es sure que tout va bien ? dit-il avec une once d’inquiétude.
L’elfe de sang fit une grimace.
-          Ne m’apelle pas comme ça !
-          Bah comment alors ?
-          Peu importe mais pas ce nom-là !
-          Tu n’as quand même pas l’air dans ton assiette, reprit Malevih en jetant un bref coup d’œil en direction des jambes dénudées de Lavinis.
-          Pourquoi ça n’irait pas ? Je me sens on ne peut mieux ! s’extasia-t-elle en ôtant sa blouse devant lui.
Sous le choc émotionnel, Malevih eut l’impression de sentir sa tête exploser, ce qui s’exprima par un saignement soudain et intense de ses naseaux.
-          Pauvre petit chéri, ça te choque à ce point ? dit-elle en se penchant un peu plus.
Sa poitrine n’était qu’à quelques centimètres de Malevih, qui tentait de maîtriser l’hémorragie tant bien que mal, en maintenant ses deux mains sur son museau.
-          Habille-toi, s’il te plaît ! dit-il d’une voix nasillarde.
-          Mmmmh, je sais bien que tu préfèrerais que ce soit Xyla qui soit dénudée devant toi, mon grand !
-          Tais-toi, démon !
-          Démon ?
Elle pencha sa tête en arrière pour rire aux éclats, ce qui inquiéta d’autant plus Malevih.
-          Un autre prénom mais pas ça, tout de même ! dit-elle.
-          Va-t-en, j’ai pas besoin de ça !
L’elfe de sang soupira bruyamment.
-          Y’a vraiment pas moyen de s’amuser ! Elle en a fait de la merde, de sa vie !
Elle se redressa et balaya la place du regard.
-          Bon, avec qui j’vais pouvoir m’amuser ?
Sans vraiment comprendre le comportement étrange ni les paroles de Lavinis, Malevih fut soulagé de la voir s’éloigner et se remit correctement sur son siège, pour observer Xyla. Son ventre se noua lorsqu’il remarqua qu’elle n’était plus à sa place et le gardien des airs non plus. Pendant plusieurs minutes, il la chercha du regard, parmi les nombreux orcs qui festoyaient autour du feu. Mais Xyla semblait s’être évaporée, ce qui déprima encore plus Malevih, qui s’affaissa sur lui-même.

Le lendemain, à l’aube, Malevih se reveilla, parmi les orcs épuisés par la fête et les nombreuses chopes vides. Il voyait encore flou mais reconnut tout de suite Xyla qui était assise à côté de lui et l’observait depuis un certain temps déjà.
-          Bonjour Malevih, tu vas bien ?
-          J’ai l’impression d’avoir été piétiné par un troupeau de kodos… dit-il en se massant le crâne.
-          En fait, ce sont des orcs qui t’ont piétiné mais peu importe ! Sois prêt dans cinq minutes, nous partons pour Ombre-de-Lune !
-          Ombrelune, tu veux dire ?
-          Oui, c’est ce que je viens de dire !
Malevih se redressa tant bien que mal. D’après ce qu’il se souvenait de leur carte d’Outreterre, Ombrelune était bien loin de l’endroit où ils se trouvaient, ce qui ne l’encourageait pas vraiment, quand il repensait à tout ce qu’ils avaient déjà traversé pour en arriver là.
En remontant la petite pente qui menait à la hutte principale, Malevih tomba nez à nez avec Lavinis.
-          Salut ! lui lança-t-elle d’un air détaché.
Pour toute réponse, Malevih se raidit et referma ses bras contre son torse, pour sécuriser son périmètre. Lavinis remarqua sa réaction et fronça les sourcils.
-          Je peux savoir ce qui te prend ?
-          Et moi, je peux savoir ce qui t’a pris, hier soir ?
-          Hier soir ? J’ai festoyé avec le village, comme tout le monde !
-          Non, je te parle du moment où tu es venue me parler !
-          Je ne t’ai pas adressé la parole hier soir ! Je ne savais même pas où tu étais et pour tout dire, ça me convenait très bien !
Lavinis tourna les talons et s’en alla d’un pas vif, laissant Malevih dans l’incompréhension totale.
Ce fut la main douce de Xyla sur son épaule qui le ramena à la réalité.
-          Tu es prêt ? demanda-t-elle. On va bientôt partir.
Lorsqu’il se retourna, il remarqua que Xyla s’était changée et portait à présent une tenue en cuir brun et une paire de lunettes de vol ébouriffait sa crinière.
-          Ca te plaît ? C’est du cuir de sabot-fourchu.
-          Mais ça sort d’où ?
-          Je l’ai faite moi-même ce matin. C’est Karg qui m’a donné les patrons et le cuir.
-          Karg ? demanda Malevih.
-          Le gardien des airs du village, tu te rappelles ?
-          Oui oui … très bien. D’ailleurs, quand on parle du loup…
Karg venait de sortir de la grande hutte. Il était vêtu de sa tenue habituelle, avait les mêmes lunettes que Xyla et des gants en cuir renforcé. Sur son dos, il portait de nombreuses lianes de cuir dont Malevih ne comprit pas l’utilisation.
-          Zog zog, l’ami ! dit-il à l’attention de Malevih.
-          Nous sommes prêts à décoller ! annonça Xyla.
-          A décoller ? C’est quoi cette histoire ? s’inquiéta Malevih.
-          Karg m’a gentiment proposé de nous conduire en Ombre-de-Lune à dos de ses grosses bêtes volantes.
Malevih se sentit désarçonné par cette nouvelle. Tentant de fuir la situation du mieux qu’il pouvait, il prit le premier prétexte qui lui vint à l’esprit.
-          Mais Lavinis a horreur de voler et elle ne sait pas conduire ce genre de bête !
-          C’est pas grave, elle ira avec toi, lui répondit Xyla.
Malevih jeta un coup d’œil angoissé dans la direction de Lavinis, qui laçait ses bottes, près des wyvernes.
-          C’est obligé d’être dans cet ordre là ?
-          Pourquoi, tu as peur qu’elle te mange ? gloussa Karg.

* * *

Le vol si fit sans encombre. Xyla s’était installée derrière Karg et Lavinis derrière Malevih. La wyverne de Malevih était très bien dressée et il n’avait presque rien à faire ; elle se contentait de suivre son maître, qui ouvrait le vol. Malgré tout, Lavinis lui avait défendu de lâcher les rênes de l’animal. « On ne sait jamais ! », avait-elle aboyé en gardant les yeux fermés, de peur de voir le sol de trop haut.
Bien vite, ils reconnurent Shattrath, qu’ils survolèrent de près. Karg ralentit sa wyverne, pour se mettre à hauteur de Lavinis et Malevih. Il pointa du doigt l’immense colone de lumière qui s’élevait du centre de la ville.
-          C’est A’dal ! cria-t-il, contre le vent. J’aimerais un jour le rencontrer !
-          Nous lui avons parlé, lui dit Xyla, c’était merveilleux !
-          Merveilleux, c’est un grand mot ! rétorqua sèchement Malevih.
A ses propos, les trois autres le dévisagèrent puis Karg reprit de la vitesse pour se replacer devant. Malevih vit Karg tourner la tête pour s’adresser à Xyla, qui lui répondit par un haussement d’épaules et un rire, ce qui l’irrita particulièrement.
Ils continuèrent leur voyage, survolant la forêt de Terokkar. Ils n’eurent pas l’occasion d’observer grand-chose car les arbres étaient trop denses pour laisser le sol à découvert. Après un long moment, ils remarquèrent que le ciel changeait, à l’horizon. Il devenait plus brumeux, plus sombre et parcouru de nombreuses traînées jaunâtres, faisant penser aux crachats d’un volcan.
-          Tu as vu ça, Lavinis ? s’enquit Malevih.
-          Voir quoi ? lui répondit sèchement Lavinis, qui avait gardé les yeux fermés pendant tout le trajet.
-          Rien… Tu verras sans doute à l’arrivée puisqu’on se dirige par-là…
Au fur et à mesure qu’ils avançaient, l’air devenait plus lourd, plus chargé, faisant penser à leur entrée en Outreterre, en Péninsule des Flammes infernales. Malevih s’inquiéta de ne presque plus voir la wyverne de Xyla et Karg. Soudain, leur animal grogna et amorça la descente, en traçant des cercles. Le sol sombre et couvert de cratères, devint alors visible et Malevih vit avec soulagement que Xyla les attendait déjà en bas.

Ombrelune était bien loin de ce qu’ils avaient pu imaginer. C’était un morceau de terre sombre perdue dans le Néant, sur laquelle s’écrasaient en permanence des sortes de roches en fusion. Ca sentait le soufre et le sang. Aussi, Karg ne s’était pas éternisé. Il les avait salué et s’était envolé rapidement vers la Forêt de Terokkar, suivi par son autre wyverne.
-          C’est donc ça, le village d’Ombrelune ! dit Lavinis avec dégoût.
-          On n’est pas ici pour le tourisme ! rétorqua Malevih. Il faut trouver le maître qui nous apprendra à nous transformer en oiseau.
Ses paroles enthousiasmèrent Xyla qui regarda fièrement son unique plume.
-          Reste plus qu’à faire ça partout ! dit-elle en s’adressant à son ancien pouce.

La personne qu’ils cherchaient ne fut pas difficile à trouver ; dans le petit village d’Ombrelune se tenait une écurie de wyvernes, tenue par deux orcs. Ils avaient tous les deux l’air aussi peu commode l’un que l’autre mais Xyla était trop excitée à l’idée de commencer son apprentissage. Elle s’adressa au premier orc, qui portait un cache œil et reniflait sans cesse, comme un animal en chasse.
-          Bonjour monsieur l’orc, nous sommes venus apprendre à voler, mon ami et moi !
L’orc regarda Xyla et Malevih de bas en haut, les renifla bruyamment puis éclata de rire.
-          Nous sommes sérieux ! s’exaspéra Malevih. Nous avons de quoi payer !
L’orc s’arrêta de rire et reconsidéra les deux arrivants. Il effleura une de ses longues canines qui dépassait de sa bouche puis afficha un sourire.
-          Nous pouvons commencer la leçon dans ce cas, dit-il en se dirigeant vers son écurie.
Xyla se retourna vers Malevih, les yeux remplis d’étoiles.
-          On va apprendre à voler, tu te rends compte ! lui dit-elle, en sautillant sur place.
L’orc revint avec trois wyvernes.
-          J’vous fais un prix de groupe, ce sera trois pour le prix de deux !
-          Trois ? demanda Malevih.
-          Bah oui, la p’tite elfe de sang est avec vous, non ?
Lavinis, qui n’avait pas encore bougé de l’endroit où elle avait posé les pieds à l’atterrissage, se raidit en voyant le maître de vol lui faire signe pour qu’elle vienne prendre les rênes d’une wyverne. De tout son corps, elle exprima un « non » catégorique.
-          Lavinis ! appela Xyla, ne fais pas l’idiote, on a déjà payé maintenant !
-          C’est hors de question, hurla Lavinis depuis sa place, je ne retournerai pas une fois de plus sur le dos de ces bêtes !
-          Chez moi, quand on paye, on va jusqu’au bout ! hurla le maître de vol, bien plus fort qu’elle.
Il dévala la pente jusqu’à Lavinis et l’attrappa par les épaules pour la tirer jusqu’à ses autres élèves.
Après des cris, des grands gestes désespérés et de nombreuses larmes, Lavinis fut fermement accrochée sur la selle de sa wyverne, par le maître de vol. Lorsqu’il eut terminé, il se retourna vers Xyla et Malevih.
-          Bon, vous montez en selle, vous deux ?
-          Bah non, on va voler par nous-même ! s’exclama Xyla.
L’orc les dévisagea et éclata à nouveau de rire.
-          J’ai la gueule d’un druide ? dit-il, entre deux rires gras.
-          Mais on pensait que c’était ici qu’on allait nous apprendre à voler, dit Xyla d’une petite voix.
-          A voler, oui mais à dos de wyverne ! Pas par vous-même !
Xyla se retourna vers Malevih et le fusilla du regard.
-          Tu m’avais dit que c’était en Outreterre qu’on apprendrait à voler comme des oiseaux ! Tu m’as menti !
-          N…non ! J’étais persuadé que c’était ici que… qu’on… enfin…
-          Bon, z’allez pas y passer la nuit non plus ! les coupa l’orc. Vous avez payé donc en selle !
Sans rien ajouter, Xyla alla s’assoir sur le dos de sa wyverne. De toute évidence, elle semblait furieuse et Malevih se sentit encore plus mal que d’habitude.
Ils durent encore attendre une heure avant de pouvoir décoller car l’orc prit le temps de leur expliquer comment une wyverne volait, l’anatomie de l’animal et l’attitude à adopter. Il leur donna des exemples sanglants de wyverniers trop peu attentifs, ce qui ne rassura guère Lavinis.
Lorsqu’il eut fini ses explications, l’orc passa derrière les wyvernes, montées par ses trois élèves. En arrivant au niveau de Lavinis, cette dernière lui jeta un regard plein de détresse, ce qui fit sourire l’orc. Il envoya une claque énorme sur la fesse de l’animal qui rugit et s’envola immédiatement. Lavinis poussa un hurlement strident, ce qui fit rire l’instructeur.
-          A vous deux, maintenant !
L’orc donna une frappe sur la fesse de chacune des wyvernes, qui prirent leur envol. Des trois bêtes volantes, la plus fougueuse et sauvage semblait être celle que montait Lavinis. Parmi les cris hystériques de l’elfe de sang, l’orc pouvait percevoir, de temps à autre, un « salaud … ordure … sadique … ». Il laissa ses wyvernes faire de courts trajets au-dessus du village, pendant une bonne trentaine de minutes, après quoi il rappella ses animaux.
-          Bon, vous ne semblez pas avoir compris grand-chose, dit-il à l’adresse de ses trois élèves.
-          Comment ça ? contra Malevih, y’a que Lavinis qui hurle comme une possédée ! Nous, on s’en est très bien sorti !
-          Je ne trouve pas ! rétorqua l’orc, sur un ton sec. Vous êtes trop raides, trop détachés de votre wyverne. Vous n’avez rien compris au principe de la monte ! Vous devez apprendre à ressentir l’animal jusqu’à être l’animal !
Ces paroles résonnèrent dans la tête de Xyla. Elle caressa doucement le cou de sa wyverne qui ronronna. Elle put sentir le poul puissant de l’animal et sa chaleur. De sa plume, elle lui effleura le flanc et la wyverne gronda. Sensible, vif, puissant. Xyla comprit l’harmonie à saisir et murmura quelque chose à sa wyverne qui s’envola immédiatement. Elle s’accrocha fermement contre sa monture, sentant chaque ondulation de son corps, chaque choc avec l’air qui lui sifflait aux oreilles. Prenant de l’altitude, elle ne voyait plus ce qu’il y avait autour d’elle mais juste l’objectif à atteindre : voler. Lorsqu’elle arriva suffisamment haut, Xyla redressa son torse, ouvrit les bras et ferma les yeux. Elle sentit le mouvement à adopter, le vent chaud qui la portait. Sa pensée se propagea jusqu’à sa wyverne, qui piqua soudain vers le bas, à la verticale. Toujours confiante, Xyla se laissa glisser de sa selle, pour se détacher de son animal. La gravité aurait voulu qu’elle tombe mais Xyla avait gardé ses bras grands ouverts et l’air vint s’engouffrer dans ses plumes, la faisant planer au-dessus du village d’Ombrelune. Son corps s’était afiné, ses sabots étaient devenus des serres et ses bras, des ailes. Elle loucha pour regarder son bec et poussa un grand cri de joie en constatant qu’elle avait réussi à se métamorphoser en oiseau, ce qui lui valut son premier insecte gobé.

Lorsqu’elle toucha à nouveau le sol, après un atterrissage difficile, Xyla reprit tout naturellement sa forme de taurène. Son premier réflexe fut de regarder ses mains et de compter ses doigts. « Un, deux, trois, un, deux, trois ! ». Son pouce avait retrouvé sa forme originelle.
Malevih fonça sur elle, plein d’enthousiasme.
-          Merveilleux ! Comment as-tu réussi ça ?
-          J’ai suivi les conseils de notre maître de vol.
L’orc s’avança vers Xyla.
-          Jeune druidesse, vous avez de l’avenir ! Je pense que je n’ai plus rien à vous apprendre.
-          Il faut que tu m’expliques comment faire ! continua Malevih, à l’attention de Xyla.
-          Je sais pas trop comment j’ai fait, j’ai juste ressenti l’animal jusqu’à le devenir.
-          Bon, vous continuez votr’cours avec moi ou avec elle ? demanda l’orc.
-          Je vais continuer avec Xyla, dit Malevih, je veux apprendre à voler par moi-même !
Le maître de vol repartit en haussant les épaules. Il lui restait au moins une élève, fermement accroché à sa wyverne. Il prit soin de la bâillonner au préalable et relança l’animal dans les airs.